Qui aime la démocratie refuse l’initiative anti-droits humains de l’UDC. En touchant à la protection des minorités et voulant rompre avec la Convention européenne des droits de l’homme, elle scie les piliers de la Suisse.
Pour tenir debout, notre démocratie repose sur deux jambes. La première, c’est la démocratie directe, que nous vivons régulièrement à travers des votations populaires permettant de distinguer la position de la majorité des personnes qui se sont exprimées. La seconde, c’est le système d’Etat de droit, qui garantit les droits fondamentaux de chacun.
Le débat sur cette initiative est d’une rare complexité juridique. Mais l’objectif de l’initiative est facile à comprendre : instaurer la tyrannie de la majorité. Elle implique que la majorité des personnes qui participent à une votation a toujours raison, même si cela porte atteinte aux droits fondamentaux d’une minorité. La démocratie ne serait plus un débat sain entre personnes „déterminées à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre“, comme le dit notre Constitution.
Il est pourtant essentiel que chacun, à l’échelle individuelle, soit protégé. Pour cela, nous avons besoin de notre Etat de droit, avec une claire séparation des pouvoirs et des juges qui protègent nos droits fondamentaux en Suisse et, en dernier recours, à la Cour européenne des droits de l’homme. C’est d’autant plus nécessaire que nous n’avons pas de Cour constitutionnelle, devant laquelle attaquer une loi qui entraveraient certains droits inscrits dans notre Constitution. Ce système garantit que chacun puisse être protégé contre l’Etat, si celui-ci discrimine et fait preuve d’arbitraire.
La Convention européenne des droits de l’homme, élaborée après les atrocités de la seconde guerre mondiale pour garantir le respect des droits fondamentaux, nous protège. C’est sur cette base que les juges suisses évaluent le respect de nos droits et de nos libertés fondamentales. Sans elle, notre démocratie vacille. Puis tombe.
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