Un cocktail de pesticides de synthèse se retrouve tous les jours dans nos assiettes. Se mettre en danger pour répondre à un besoin vital, voici l’antithèse à laquelle nous confrontent les aliments dans la production desquels des pesticides ont été utilisés.
Dernièrement, le glyphosate défrayait la chronique. Cet herbicide, que l’on trouve dans le Roundup, favoriserait le développement de cancers, selon l’OMS (2015). Le plus répandu en Europe, ce pesticide est désormais sur la sellette. Du reste, des pesticides sont régulièrement retirés du marché par les pouvoirs publics, mais malheureusement qu’après une longue durée d’utilisation. La Suisse ne se décide en général à réagir qu’à la suite d’une décision de l’Union européenne. Il est aberrant que le principe de précaution ne prévale pas car, pendant les tergiversations politiques, les pesticides se répandent dans l’air, l’eau et le sol, bien au-delà des zones traitées, au point que presque toutes les eaux de surface analysées jusqu’alors présentent des valeurs largement supérieures à celles fixées par la législation, et ce depuis longtemps.
Avec plus de 2000 tonnes de produits chimiques de synthèse déversés sur notre territoire, la Suisse affiche un taux d’utilisation de pesticides particulièrement élevé, en comparaison européenne. Contamination des sols, des cours d’eau, des nappes phréatiques, de notre eau potable ; l’atteinte à l’environnement est conséquente, tout comme les dommages sur la biodiversité et notre santé. Les premiers touchés sont les agriculteurs eux-mêmes, directement exposés aux risques.
Heureusement, il existe une alternative, bien plus rentable sur le long terme, qui se passe de pesticides. L’agriculture biologique compte d’ores et déjà 6’000 exploitations dans notre pays et ne cesse de se développer, tout comme son chiffre d’affaire. Les Suisses sont d’ailleurs les plus dépensiers dans le bio, à travers le monde. Du reste, l’importation d’aliments bio, que l’on pourrait cultiver en Suisse, illustre cette demande qui promet une marge de progression importante. Tous les consommateurs aspirent à manger sainement !
Contrairement aux lieux communs, les pesticides ne rendent pas l’agriculture plus rentable. Au contraire, ils empoisonnent les sols et dégradent leur qualité. A terme, des conséquences directes se font ressentir sur la production, entraînant des coûts supplémentaires. Du côté politique, on se hâte très lentement. Certes, la Confédération a publié cet été un projet de plan d’action, mais il manque encore d’ambition. La Suisse doit mener un débat digne de ce nom sur les pesticides, comme cette initiative l’exige, pour notre environnement et notre santé!
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