Frauenrechte sind Menschenrechte. Les droits des femmes sont des droits humains. Depuis combien de temps scandons-nous ce slogan ? Quel est ce pays qui refuse obstinément de respecter les droits humains, garantis par des conventions et pactes internationaux pourtant dûment signés ? Quel est ce parlement claquemuré dans ses salles feutrées, qui méprise la moitié de la population ? C’est la Suisse, ce pays dans lequel nous vivons. Ici règne un patriarcat bien établi et confortablement représenté dans les sphères de décision.
Enfin, pour l’instant. Car nous sommes en colère et le crierons sans répit jusqu’à ce qu’on reçoive enfin ce qui nous est dû. Vous souvenez-vous du premier passage à l’heure d’été en Suisse ? De la funeste inauguration de la centrale nucléaire de Gösgen ou des grandes manifestations de protestation contre Kaiseraugst ? De l’inauguration de la liaision TGV Paris-Genève ou du premier numéro de l’Hebdo, aujourd’hui défunt ? Ça semble loin, n’est-ce pas ? Tous ces événements se sont déroulés il y a 37 ans, en 1981. L’année où l’on a inscrit le principe de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes dans notre Constitution. Cela remonte.
37 ans de piétinement et on veut nous faire croire que des mesures volontaires feront l’affaire. Nous n’avalerons pas cette supercherie, c’est exclu. Chaque mois, ce sont 600 francs qui manquent dans le porte-monnaie des femmes. Par année, cela représente 7 milliards qui nous sont subtilisés et qui restent dans les caisses des employeurs.
On les entend déjà, les arguments inventifs de certains représentants de l’économie sur les désavantages typiquement féminins qui jalonnent nos parcours professionnels. Balivernes. De la discrimination pure et simple, c’est ce qui explique 40% de ces inégalités. Celles-ci, il faut les éradiquer sur le champ. Et les employeurs qui ne respectent pas la loi doivent être sanctionnés. Quand on dépasse la limite de vitesse, on paie une amende. De la même façon, l’employeur qui discrimine, au mépris de la loi, doit recevoir une amende. La première étape pour y parvenir est la transparence des salaires. Il n’y a rien à cacher dans un salaire, il y a par contre tout à justifier. La transparence est la base d’un rapport sincère, franc, de respect mutuel et de confiance.
Et pour le reste des inégalités, nous répondons que c’est la société qui doit changer. Le genre d’une personne ne doit déterminer ni sa formation, ni les tâches qu’elle accomplit, ni son revenu. Il n’y a pas de raison pour que les professions qui sont majoritairement occupées par des femmes soient moins bien dotées. Il n’y a pas de raison pour que maternité rime avec rupture du parcours professionnel. Nous revendiquons une égalité. Dans les faits.
On en est encore loin. Comment garantir un vrai partage des tâches dans les foyers, tant qu’il n’y a pas de congé paternité équivalent à celui de la mère ? Il est grand temps que cela change ! Et les progrès ne tomberont pas du ciel. Droit de vote, congé maternité, interruption volontaire de grossesse ; voilà autant d’avancées qui ont été arrachées par une mobilisation de terrain. Une mobilisation passant par la rue. Et par une grève. C’est ainsi que nous obtiendrons l’égalité dans les faits. C’est ainsi que nous recevrons dans nos porte-monnaie ce qui nous revient. C’est ainsi que les tâches seront justement partagées. Et c’est aussi ainsi que les postes de pouvoir seront justement répartis.
Il y a un demi-siècle, au mois de mai justement, on criait ceci dans les rues de Paris : « Les femmes, c’est comme les pavés. A force de marcher dessus, on les prend sur la gueule. » Aujourd’hui, nous sommes mobilisés dans toute la Suisse pour faire entendre cette colère. Intacte. Et la mobilisation continuera jusqu’à ce que l’égalité soit faite. Ce combat, nous ne devons pas le transmettre en héritage aux générations suivantes. Nous devons le gagner.
Im Mai 1968 las man auch diesen Slogan auf den Mauern : « Ich will mein Leben nicht verlieren an das Gewinnstreben. » Auch dieser Slogan hat nichts von seiner Aktualität verloren. Seit 1976 hat sich die gesetzlich festgelegte Maximalarbeitszeit kein bisschen bewegt. Dasselbe gilt für die Ferien : Seit 1984 beträgt der gesetzliche Anspruch nur vier Wochen. Was sich hingegen sehr wohl verändert hat, in den letzten 40 Jahren, das ist die Produktivität. Sie stieg sogar deutlich schneller als die Löhne. An diesem Tag der Arbeit sollten wir darum auch die Freizeit feiern, die Zeit, in der wir uns treffen, uns austauschen und uns engagieren. Es ist höchste Zeit, dass die Produktivitätsgewinne gerechter verteilt werden. In Form von mehr Freizeit, aber mehr bezahlter Freizeit.
En mai 68, sur les murs, on lisait aussi : « Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner. » « Ich will mein Leben nicht verlieren an das Gewinnstreben. » Un autre slogan qu’on peut encore brandir aujourd’hui. Depuis 1976, la durée du travail inscrite dans la loi n’a pas bougé d’un iota. Pour les vacances, c’est depuis 1984 que nous sommes limités à 4 semaines ! Par contre, ce qui a évolué depuis 40 ans, c’est la productivité. Les progrès techniques ont fait évoluer le monde du travail et transformer la productivité, qui a augmenté plus vite que les salaires. En ce premier mai, fête du travail, fêtons donc le temps libre. Le temps où l’on échange, où l’on se rencontre, où l’on s’engage ! Il est grand temps que ces gains soient redistribués pour offrir plus de temps libre, du temps libre payé.
Or, des offensives multiples sont lancées au parlement pour déréguler un droit du travail déjà très libéral. La droite s’attaque à la durée légale du travail et au temps de repos, souhaite flexibiliser tout cela en prenant prétexte des nouvelles technologies. Contre ces nouvelles attaques, nous devons nous mobiliser. Oui, les nouvelles technologies offrent de nouvelles possibilités. Mais elles représentent aussi un danger pour la santé et la sphère privée des employés. 80% des salariés seraient atteignables en-dehors de leur temps de travail par leur employeur et 70% pendant les vacances. C’est ce que nous montrent certaines études. Revendiquons donc notre liberté !
En parallèle, le travail rend malade. Le stress et la surcharge nous épuisent et pèsent sur le moral. La révolution numérique, on nous la sert à toutes les sauces, sauf à celle des conditions de travail. Ces progrès doivent être une chance pour tout le monde : redistribuons enfin justement leurs fruits en améliorant les conditions de travail et en protégeant notre sphère privée.
D’ailleurs, en parlant de congés. Vous non plus vous n’avez pas congé aujourd’hui ? Ni à Berne, ni à Genève. Le protestantisme est fidèle à sa réputation. Et si nous faisions un premier pas ? Un premier pas en faisant de la journée internationale des travailleuses et des travailleurs un jour de congé national. Un signe de reconnaissance de la contribution de chacune et de chacun.
Malheureusement, la tendance n’est pas à une meilleure redistribution des richesses. La pauvreté se répand en Suisse depuis quelques années. Le nombre de personnes qui doivent avoir recours à l’aide sociale augmente, tout comme celui des working poor. Au lieu de remettre en question un système qui ne parvient pas à garantir le bien-être de chacune et chacun dans un pays riche comme la Suisse, la droite a choisi ce moment pour dévoiler l’étendue de son arrogance. « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres », nous dit le préambule de la Constitution. En voulant réduire de 8% l’aide sociale, la majorité bourgeoise du Canton de Berne s’engage donc dans une voie destructrice pour toute notre société. Une communauté où l’on retire aux plus démunis, leur laissant à peine de quoi vivre. Pour cette raison, je m’associe aux militants bernois et vous encourage à signer le référendum pour bloquer cette attaque à la cohésion sociale.
Dans le même temps, la majorité bourgeoise du parlement fédéral veut donner aux compagnies d’assurances le pouvoir d’espionner leurs clients jusqu’à travers la fenêtre de leur chambre à coucher. Une majorité qui ne se prive pas, au passage, de piétiner deux autres articles de notre Constitution : la protection de la sphère privée et les libertés individuelles. Engageons-nous pour faire aboutir le référendum contre les assurances espionnes, les drones et les GPS qui pourraient nous pister si on a le malheur d’avoir un accident. Cela nous concerne toutes et tous.
Voilà le printemps des référendums. Tant que la majorité ne changera pas, nous devrons continuer à nous mobiliser avec ces instruments populaires. Autre sujet, même constat. Alors que la réforme de l’imposition des entreprises 3 a pris une sévère claque en votation populaire, le Conseil fédéral remet le couvert en proposant de baisser massivement les impôts sur le bénéfice de 200’000 entreprises du pays. C’est nous, au quotidien, qui en subiront les conséquences : moins de moyens pour les collectivités publiques, c’est moins de prestations. Santé, formation, transports, soutiens sociaux, sécurité. Le projet fiscal 17 fait perdre des recettes à tous les échelons de notre Etat, sans contrepartie sérieuse. Et en prime, il attise la concurrence fiscale nationale et internationale. Le Parlement devrait, lui, se déboucher les oreilles et entendre le refus de la RIE III, s’il ne veut pas se confronter à un nouvel échec par référendum.
Les entreprises profitent du cadre de société mis en place par la collectivité, elles profitent directement des services publics. Elles doivent donc y contribuer de manière crédible et il est exclu que l’on fasse peser encore plus les charges sur les ménages. A Berne, c’est cette fausse voie que veut prendre la majorité en accordant des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises, tout en diminuant les prestations dans les soins à domicile, la santé et la formation. Alors que les débats sur le projet fiscal 17 commencent au palais fédéral, je compte sur vous pour montrer que ce genre d’attaques contre la cohésion de notre société ne passeront pas. En faisant aboutir le référendum bernois et avec un grand NON dans les urnes, vous donnerez un signal clair aux habitués du Palais fédéral.
Ne nous laissons pas gâcher la fête. Le premier mai, c’est l’occasion de se rencontrer, de se souvenir qu’on est nombreuses et nombreux à revendiquer plus de justice sociale et d’égalité sur le marché du travail. Et qu’ensemble, on est plus fort.
Alors à toutes et à tous, je vous souhaite une belle fête du premier mai et vous donne rendez-vous dès demain pour continuer le mouvement en faveur de l’égalité salariale !
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