Cet article a été publié dans le média en ligne Heidi.news et peut être retrouvé ici.
En pleine pandémie, c’est un autre virus qui s’est invité chez mon nourrisson, quelques semaines après sa naissance; une bronchiolite, qui lui a valu plusieurs jours d’hospitalisation.
Embarquée sur une montagne russe émotionnelle, je me suis accrochée au wagon des infirmières et à son rythme méthodique. Soin des enfants le matin, suivi d’une batterie de contrôles, puis orientation – et consolation – des parents, relais pour nourrir et bercer les bébés, surveillance des pulsations tout au long de la journée et, la nuit, vérification de la respiration, une lampe torche au front. Ce qui surprend, c’est à quel point le suivi repose sur les infirmières. Et la confiance qu’elles inspirent, par leur solidité. En fait, elles tiennent la baraque. Pour peu de reconnaissance.
Changer de cap maintenant
La pandémie a jeté une lumière crue sur la pénurie de personnel, qui se chiffre par milliers, ainsi que sur la difficulté des conditions de travail, qui conduit notamment plus de 40% des soignantes et soignants à quitter la profession prématurément, et enfin sur l’impact de cette situation sur les soins, tant sur le plan médical qu’humain. Mais d’autres défis nous attendent encore, avec le vieillissement de la population. En prendre conscience est nécessaire, mais insuffisant. Il faut désormais agir, en formant massivement des infirmières et infirmiers, en améliorant les conditions de travail et en assurant qu’il y ait assez de personnel pour chaque type d’intervention, avec une indemnisation adéquate des prestations de soins. C’est ce que l’initiative permet de faire.
Pour des soins de qualité
L’enjeu est d’abord celui de la disponibilité et de la qualité des soins dont nous et nos proches bénéficieront. Et le nombre de personnes formées qui seront là pour les prodiguer. Miser sur les soins infirmiers, c’est agir en amont, plutôt que de tenter de réparer en aval. Les infirmières et les infirmiers apportent des compétences pointues qui peuvent éviter des complications ou des séjours à l’hôpital. Un investissement qui produit donc aussi des économies. De la même manière, améliorer les conditions de travail permet de réduire le nombre de départs de la profession. Aujourd’hui, la Suisse ne forme qu’à peine la moitié des soignantes et soignants.
Un contre-projet qui reste au milieu du gué
Des moyens pour la formation, c’est tout ce que prévoit le contre-projet du parlement. Il fait un pas, mais en manquant le suivant, il ne garantit pas un nombre suffisant d’infirmières et d’infirmiers pour les interventions et ne s’attaque pas à la perte de personnel qualifié. L’organisation des horaires ou la difficile compatibilité avec la vie privée et la vie de famille restent en effet dissuasifs. Investir dans la formation sans améliorer le statut des soins infirmiers ne résoudra donc pas le problème de la pénurie.
Qu’on regarde la situation par le prisme du personnel soignant ou des patientes et patients, c’est insatisfaisant. Les conditions qui garantissent la reconnaissance des responsabilités assumées par les infirmières et infirmiers ne sont pas mises en place d’une part, l’accès aux soins infirmiers, dans les EMS, les hôpitaux ou les cliniques n’est pas garanti d’autre part. L’initiative est donc indispensable.
Après les applaudissements, la reconnaissance
Le parcours mené par le personnel infirmier est admirable. Face à la pénurie, il s’est organisé pour proposer des solutions. Pour une fois, une profession très majoritairement occupée par des femmes s’impose dans l’agenda politique. Pour une fois, on doit reconnaître le rôle primordial d’un domaine associé aux femmes – les soins – pour le fonctionnement de notre société. Pour une fois depuis longtemps, une initiative qui porte une vision d’avenir, car elle est pour et non contre quelque chose, est en passe d’être acceptée. Pour des soins de qualité, pour des conditions de travail adéquates, pour des échanges humains dans le traitement, pour un suivi compétent. Pour des soins infirmiers forts.
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