Cette législature sera celle des référendums
Assemblée des délégué-e-s du 19 octobre 2024 à Herisau
Chères Vertes, chers Verts,
C’est un grand plaisir pour moi de vous accueillir aujourd’hui à Herisau. Nous posons aujourd’hui la première pierre d’une nouvelle section cantonale. C’est formidable de voir comment les VERT-E-S s’unissent ici et, espérons-le, lutteront bientôt ensemble pour une société juste et pour le climat.
Le fait que cela se passe maintenant et non pas il y a cinq ou six ans, pendant la phase d’expansion de la grève du climat, me réjouit tout particulièrement. Les médias ne se lassent pas d’écrire que la vague Verte est terminée. Que le climat ne touche plus les gens.
Notre présence ici, aujourd’hui, nous prouve le contraire : plus le vent contraire est fort, plus notre engagement est déterminé, plus notre travail est important.
Et après six mois sur la route, auprès de vous, ma conclusion est claire : vous êtes pleinement mobilisé-e-s !
Ce matin, alors que j’étais assise dans le train pour Herisau et que je regardais par la fenêtre, je me suis souvenue d’un film que vous avez certainement toutes et tous vu. « L’Ordre divin » qui se déroule en Appenzell.
Petra Volpe y raconte l’histoire de Nora, une femme au foyer et mère de famille qui, dans les années 70’, aimerait reprendre un emploi, mais qui ne le peut pas parce que son mari (et la loi sur le mariage) le lui interdit. Le film témoigne avec force de l’importance de la lutte pour les droits fondamentaux et de la participation de chacun et chacune à la démocratie. C’est notre combat.
A Rhodes Extérieures, les femmes n’ont obtenu le droit de vote plein et entier qu’en 1989 (au niveau cantonal). Parfois, il faut un peu plus de temps pour que la nouveauté s’impose dans ce canton. Mais une fois que c’est fait, on ne peut plus revenir en arrière. Je suis convaincue qu’il en sera de même avec cette nouvelle section des VERT-E-S !
Mais « L’Ordre divin » est intéressant pour une autre raison. Ce film permet de voir comment les conservateurs de notre pays imposent leur idéologie en se référant à Dieu et à la religion.
Aujourd’hui, nous voyons apparaître des schémas similaires, mais dans un autre contexte. Pas en matière de droits fondamentaux, mais de politique financière.
« Une bénédiction », a récemment déclaré la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, en désignant le frein à l’endettement. « Une bénédiction ! »
Fact checking : Non, le frein à l’endettement n’est pas une création divine, mais une invention de la droite néolibérale.
Non, le frein à l’endettement n’est pas une bénédiction, mais une religion. D’obédience droite conservatrice. Et qui permet au gouvernement de l’un des pays avec le taux d’endettement le plus bas au monde qu’est la Suisse de justifier des coupes massives, économiquement absurdes.
La religion a un dogme.
Au-delà de la croyance :
- Les finances de la Confédération se portent bien.
- Pendant que l’on coupe dans la protection du climat et l’égalité des chances, les dépenses militaires, elles, prennent l’ascenseur. Miracle : voilà la multiplication des chars. Pour dépenser des milliards supplémentaires pour l’armée, le Conseil fédéral coupe dans les crèches, les trains de nuit, les transports publics, l’assainissement énergétique des bâtiments, les hautes écoles et universités, les subsides d’assurance maladie, l’AVS et bien sûr l’aide au développement et la culture.
Dans une démonstration de force peu suisse, il méprise des décisions du Parlement et du corps électoral. Alors qu’il n’ose pas soumettre l’augmentation massive du budget de l’armée au verdict des urnes.
C’est un projet partisan, qui impose un retour en arrière partout où la société a progressé durant les dernières années.
C’est un projet rétrograde, qui ignore les grands défis de notre époque. Dans lequel l’urgence climatique n’existe pas, les femmes restent à la maison pour s’occuper des enfants et les privilèges sont concentrés chez les plus riches. Tout cela derrière des frontières nationales gardées par une artillerie lourde.
C’est un projet isolationniste dirigé contre les femmes, contre les jeunes, contre l’avenir.
Les membres du Conseil fédéral sont resté-e-s bloqué-e-s dans leur jeunesse – l’armée, les autoroutes et le nucléaire. Ont-elles et ils remarqué que le monde a changé ? Ont-elles et ils seulement une idée, de la manière dont le monde va encore changer ses 30 prochaines années ? Et dont les grands enjeux que sont l’urgence climatique et le vieillissement de la population vont transformer notre pays ?
Être visionnaire et anticiper ces problématiques actuelles est exactement ce qui est attendu d’un gouvernement. Mais le Conseil fédéral, lui, garde ses milliards pour le passé et démantèle la politique climatique et environnementale. Le message est clair: chères concitoyennes, chers concitoyens, débrouillez-vous !
Qui va en payer le prix fort ? Nous toutes et tous.
Refuser d’investir pour l’avenir, c’est préparer le chaos.
Nous, les VERT-E-S, nous combattrons ce paquet d’économies anti-Vert et anti-égalité des chances avec détermination, dans les commissions, au parlement et, si nécessaire, en votation populaire. Et nous le coulerons.
Car nous lui opposons une vision.
Dans cet affrontement « passé contre avenir », les VERT-E-S portent l’avenir.
Pour que chacune et chacun puisse vivre bien, ici et dans le monde. Dans un environnement sain, un climat protégé, où la dignité est garantie, l’égalité est accomplie et l’origine, les aspirations, l’identité ou les préférences ne font pas l’objet de discrimination.
Ce programme d’économies n’est pas un simple exercice idéologique issu du département de la ministre des Finances. Il fait partie d’un plan et incarne la nouvelle réalité du Palais fédéral et du Conseil fédéral.
Nous nous réunissons aujourd’hui exactement un an après les élections fédérales. Un an après le glissement vers la droite.
Que voyons-nous lorsque nous résumons les événements des douze derniers mois? Quelle image se dégage ? Quelles valeurs le Conseil fédéral suit-il ? Quelles sont ses priorités ?
Vous le savez aussi bien que moi, chères Vertes, chers Verts, le bilan est révoltant..
- Le Conseil fédéral s’assied sur la concordance et abuse de sa majorité de 4 PLR-UDC.
- La montée de l’extrême droite met en péril les fondements de nos valeurs démocratiques et universalistes. Elle ébranle les droits humains et le droit international.
On connaît les facteurs qui rendent possible l’accession des droites populistes au pouvoir. Il s’agit d’une part d’une insatisfaction des politiques en place. Et d’autre part de la normalisation de leurs idées par la droite traditionnelle. Le PLR est en train de nous en faire une démonstration. Son imitation pathétique du ton et des propositions inhumaines de l’UDC est inacceptable. Durant cette session, la majorité de droite a coupé tout argent pour l’UNRWA, le seul organisme en capacité d’aider la population palestinienne qui manque de tout et risque sa vie. Elle a supprimé le regroupement familial pour les réfugiés de guerre. Et elle veut retrancher des milliards dans la solidarité internationale, les projets de coopération au développement auprès de populations dans la misère ou dans les conflits armés.
La situation est grave.
Nous ne céderons aucun millimètre aux populismes, à la haine et à la xénophobie.
Nous sommes prêtes et prêts pour cette législature de référendums.
Oui, cette législature sera celle des référendums. Une législature au cours de laquelle nous devrons, avec le peuple, mettre un terme aux pires dérives idéologiques de cette majorité de droite au Conseil fédéral et au Parlement.
Ce ne sera pas facile. Nous serons souvent dans la rue. Stylo et feuilles de signatures à la main. Nous passerons beaucoup de temps dans les réunions des comités. A la distribution de flyers. Lors de stands d’information. Dans des forums de citoyens. Lors de tables rondes.
La bonne nouvelle : nous allons gagner. Oui, nous avons déjà gagné.
La droite unie a refusé de renforcer l’AVS. Nous avons quand même réussi. Avec 58 pour cent de oui.
La droite unie voulait des prélèvements plus élevés et des rentes plus basses. Pas avec nous. Deux tiers de la population ont dit non. Deux tiers !
Et maintenant, ce qui arrive en nomvembre :
Chères Vertes, Chers Verts, nous allons redoubler d’effort de mobilisation contre les méga-autoroutes.
Alors que l’on coupe partout, on devrait dépenser plus de 5 milliards pour des autoroutes monstrueuses, à 8 voies ou deux étages ? C’est NON. Des projets mal ficelés qui mangent nos terres agricoles ? C’est NON. Des dizaines de milliers de voitures supplémentaires qui se retrouveront sous nos fenêtres, là où nos enfants vont à l’école et les personnes âgées se déplacent ? C’est NON. Encore plus de pollution, de bruit et d’émissions des CO2 ? C’est définitivement NON.
« L’autoroute passera donc en pleine ville, a décidé le gouvernement, ignorant l’opposition des 6’000 habitant-e-s de Morges, négligeant l’avis d’expertes et d’experts étrangers. Les conséquences de cette erreur seront lourdes à porter pour les victimes, soumises à des agressions sonores de plus en plus fortes, au fur et à mesure qu’augmente le trafic. »
C’est un extrait d’archive de la RTS intitulé « L’enfer morgien ». Il date de 1986.
Aujourd’hui :
On ignore l’avis des expert-e-s : les études prouvent qu’élargir les routes ne diminuent pas les bouchons. C’est logique, on fait de la place pour plus de voitures, jusqu’à nouvelle saturation. Et ces dizaines de milliers de voitures de plus ne s’arrêtent pas sur l’autoroute, mais rejoignent leur destination dans les villes et les villages.
On ignore les oppositions locales : la population de nombreuses communes concernées s’organise et bat le pavé contre ces extensions.
Et on fait payer les conséquences à la population : enfin on sait que les coûts pour la santé ou le climat s’élèvent à plus de 21 milliards de francs. Payés par nous toutes et tous.
Mais l’histoire ne doit pas se répéter.
Nous pouvons gagner cette votation.
Et nous savons comment faire, car nous sommes issus des mouvements.
Des mouvements anti-nucléaires, qui pendant des années ont dénoncé les risques de l’énergie atomique et les déchets radioactifs.
Des mouvements qui se sont engagées, il y a des dizaines d’années déjà, contre la démesure autoroutière.
Chères Vertes, chers Verts, je viens de pénétrer le monde foisonnant d’Instagram. Vous pouvez me suivre en français ou en allemand !
Pour paraphraser les Vert-e-s allemand-e-s sur les réseaux : oui, nous sommes coupables du tournant énergétique et du développement de l’énergie solaire. Oui, nous sommes coupables des trains de nuit. Oui, nous sommes coupables des zones 30. Oui, nous sommes coupables du mariage égalitaire. Oui, nous sommes coupables du partage des tâches au sein des couples. Oui, nous sommes coupables de la modernisation de la définition du viol pour mieux protéger les victimes. Oui, nous sommes coupables de nous engager sans limite pour le climat, l’environnement, l’égalité et une Suisse ouverte et solidaire. Et nous avons bien l’intention de récidiver !