Cet article a été rédigé pour la chronique du journal Le Temps “Conférence de conciliation”, dont vous trouverez le lien ici.
Toujours, toujours plus. Plus vite, plus souvent, et désormais plus vert. Dans cette course folle, EasyJet fait fort. La compagnie orange change de couleur et promet, à coups de battage médiatique, des vols zéro carbone pour l’ensemble de son réseau. «Le changement climatique est l’affaire de tous», déclare son directeur général. Ils ont du flair, chez EasyJet. Et son directeur commercial pour l’Europe du Nord d’ajouter, «parce que nos clients le veulent. Et nous sommes très proches de nos clients.»
Ils ne sont pas fous, chez EasyJet. Ils sentent le vent tourner. D’ailleurs, les compagnies aériennes semblent fébriles, en ce moment, à aligner les annonces. Depuis que le mot «flygskam» – honte de prendre l’avion en suédois – est dans l’air, la Génération EasyJet aurait visiblement d’autres préoccupations. Avant de réserver son billet à bas prix pour visiter les capitales européennes, elle se poserait la question de son avenir.
Le monde change, alors EasyJet aussi. Du moins sa communication. Et quand on leur demande si nous ne devrions pas prendre moins l’avion, nous qui volons deux fois plus que nos voisins, ils nous répondent que la question est plutôt de savoir avec quelle compagnie on vole. Ils ont le sens des priorités, chez EasyJet. La société évolue, le marketing aussi. Il en coûtera 5% du bénéfice de la compagnie en «compensation carbone».
Une curieuse impression…
Alors, nos consciences sont-elles apaisées? La mienne a plutôt tendance à s’échauffer. Pas tant parce qu’un «vol neutre» émet toujours autant de gaz à effet de serre, parce que les 32 millions de francs investis par EasyJet semblent bien en deçà du prix des programmes de MyClimate ou parce que les projets de compensation ont montré leurs faiblesses. Non, pas pour ces raisons objectives, mais parce que j’ai la curieuse impression qu’on me prend pour une idiote, et ma génération avec.
Pensent-ils sérieusement qu’on va se satisfaire de planter un arbre dans des pays où l’écrasante majorité des gens n’a jamais mis le pied dans un avion? Et si nous aspirions à autre chose? A retrouver le sens des réalités et, de temps à autre, le plaisir de la proximité. Et si ce bouillonnement climatique annonçait aussi un changement culturel? Alors, pour nous séduire, peut-être qu’EasyJet reverrait sa courbe d’approche en choisissant la qualité.
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