1981. Alors qu’on inscrivait l’égalité salariale dans notre Constitution, la Suisse se mettait enfin à l’heure d’été. Un souvenir couleur sépia ? Non, un principe toujours pas réalisé.
Les fauteuils sont confortables au Conseil des Etats. Dans cet entre-soi masculin qui ne compte que 7 femmes sur 46 membres, on s’assoupit, en tant qu’homme, et on en vient à oublier que les femmes occupent d’autres fonctions que celle de maîtresse d’un douillet logis qu’on regagne après une semaine de session. Harassante semaine. A l’exception des hommes de gauche et d’un bourgeois progressiste, tous ces parlementaires ont, dans la chaleur de leur bulle, balayé d’un revers de main les injustices que subissent les femmes sur le marché du travail.
Des milliards dérobés aux femmes
18%. A la fin de chaque mois, c’est ce qui manque sur la fiche de paie des femmes, en comparaison à ce que touchent les hommes. Sur la note, ce sont 7 milliards qui, chaque année, leur sont subtilisés et restent dans les caisses des entreprises. Parmi ces inégalités, environ 40% sont des discriminations pures et simples. Pour le reste, c’est la conséquence d’un système qui inscrit les inégalités hommes-femmes dans son mode d’emploi, au point que lire les statistiques américaines inciteraient les femmes à ne pas devenir mères avant 35 ans, au risque de gagner moins que leur conjoint.
Surreprésentation des hommes
L’incapacité de changement tient au fait que notre société est conduite par une majorité écrasante d’hommes, qui n’ont pas intérêt à perdre leur avantage. Le Conseil des Etats est ainsi représentatif de l’économie, puisque 92% des fonctions de direction sont occupées par des hommes en entreprise. Quand nos sénateurs refusent une « bureaucratie inutile » et préconisent de « faire confiance aux entreprises », il y a alors de quoi rire. Jaune. Le projet sur lequel ils se prononçaient était on ne peut plus timoré. Il ne touchait que 0,85% des entreprises, représentant un peu moins de la moitié des salariés, et il ratait sa cible en renonçant aux sanctions. Pourtant, c’était déjà trop, puisque les salariées risqueraient de prendre conscience des inégalités et probablement de faire entendre leurs voix. Le projet a donc été renvoyé en commission pour « examiner des alternatives ». Ordre de mission : se contenter de mesures volontaires.
Il est grand temps
Droit de vote, congé maternité, interruption de grossesse sont le fruit d’années de combats féministes, qui ont montré les limites des mesures volontaires et la nécessité d’aller arracher ces progrès par une mobilisation engagée, passant par la rue et les grèves. Les résultats des élections genevoises, qui font des Verts le seul groupe politique du canton à être représenté majoritairement par des femmes, le montrent une fois de plus : les Verts appliquent ce qu’ils revendiquent. Ce faisant, nous créons des modèles et participons à rendre réel un autre monde. Le parlement pose le cadre dans lequel la société se déploie et ce cadre doit permettre l’égalité dans les faits. Pour que nos multiples interventions parlementaires se répandent au-delà des rangs verts, engageons-nous toutes et tous pour dépoussiérer et verdir le parlement lors des prochaines élections !
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