On m’a demandé de raconter, une fois de plus, les frasques sexistes de mes collègues parlementaires. Faut-il le rappeler, la majorité refuse un congé paternité, rechigne à introduire une égalité salariale de fait et ne préfère pas entendre parler de quotas dans les conseils d’administration. En d’autres termes, je côtoie de nombreux conservateurs, souvent paternalistes et condescendants à mon égard, qui se souviennent avec nostalgie de ces rôles traditionnels prévoyant qu’ils guident seuls les affaires publiques. Mais ils ne m’impressionnent guère! Alors en cette journée des femmes, je ne leur ferai pas la fleur de parler d’eux.
Je préfère infiniment vous raconter ces femmes qui m’entourent, intelligentes et déterminées.Elles tordent le cou aux préjugés sur la mollesse du charisme féminin, un lieu-commun inepte trop souvent entretenu dans le monde politico-médiatique. Maya Graf, notre pilier vert, qui connaît toutes les arcanes du palais, capable de rédiger trois motions et de saluer tout à la fois quiconque passe dans les alentours. Regula Rytz, qui ne trahit pas sa formation d’historienne, maîtrisant ses dossiers comme une cheffe d’orchestre, sans jamais oublier leur arrière-plan. A la tribune du conseil, dans l’émission Arena, en séance de direction, sa présence est forte et claire. Adèle Thorens, un souffle romand à mes côtés, dune probité sans égale, qui m’a appris à regarder devant, quand les comportements et la politique ne sont pas reluisants. Avec son objectif pour boussole, elle construit pas à pas un avenir plus durable. Sibel Arslan, ma collègue de commission, dont le courage m’épate, ignorant les attaques de ceux qui ne supportent pas de la voir réussir si brillamment, elle qui a trouvé refuge ici quand elle avait 11 ans. Christine Häsler enfin, plus discrète, travailleuse, et dont les qualités humaines me rappellent avec bonheur que les robots n’ont pas encore pris possession de nos corps, au parlement.
Les femmes vertes, ce sont autant de modèles pour convaincre les femmes de défendre leurs idées dans l’espace public, comme elles le souhaitent, sans normes ni conventions. Un autre monde est possible et un autre parlement aussi! A nous de les bâtir.
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