La Suisse cultive un paradoxe de taille : c’est une démocratie exemplaire vantée bien au-delà de ses frontières, mais une ombre épaisse obscurcit le financement de la politique. Et les organismes internationaux de nous remettre tour à tour à l’ordre, de l’Organisation de coopération et de développement économiques au groupe d’Etats contre la corruption. Il existe donc une faille dangereuse dans notre édifice démocratique. En chaussant les lunettes de la transparence, on passe de premier de classe au dernier des cancres, puisque la Suisse est le seul pays d’Europe à ne pas disposer d’une loi concernant le financement politique.
Assurer la bonne santé démocratique suisse
La transparence du financement est la garantie de la bonne santé d’une démocratie. Pour pouvoir faire un choix en connaissance de cause, il est essentiel de savoir qui se cache derrière ces affiches qui fleurissent dans les rues, sur les bus ou dans les gares, car les partis ne sont pas seuls à mettre la main à la poche. Comme l’a fait remarqué le Conseil fédéral lui-même, l’abondance de votations et d’élections implique de nombreux acteurs qui prennent part au débat politique, d’autant plus que les sommes investies dans les campagnes ont pris l’ascenseur pour atteindre des sommets lors des dernières élections fédérales. Certaines organisations investissent aujourd’hui plusieurs millions, sans que l’électrice et l’électeur n’en sachent rien. Ces montants jouent néanmoins un rôle dans la formation de l’opinion publique. Pour assurer un choix avisé, il est temps de jouer à cartes découvertes.
Pourquoi une initiative fédérale ?
Une initiative qui prend au sérieux l’électeur en lui transmettant toutes les informations utiles à son vote devrait être une formalité. Cependant, les nombreuses tentatives allant dans ce sens aux chambres fédérales ont connu un sort expéditif : la majorité parlementaire ne veut rien en savoir. Il s’agit désormais de poser la question aux principaux concernés, les votantes et les votants !
Que demande notre initiative ?
C’est un premier pas pour plus de transparence, mais un pas décisif. Elle vise à suivre une voie défrichée par les cantons de Genève, Neuchâtel et du Tessin. Plus précisément, les partis et les comités devront publier leurs finances et les dons importants seront rendus publics.
Elle ne demande pas la lune, elle demande l’évidence, ce que près des trois-quarts du peuple suisse souhaite également, selon un récent sondage Vimentis : de la transparence !
- Les partis devront remettre à la Chancellerie leurs comptes, qui seront rendus publics,
- L’origine et le montant des dons dépassant 10’000 francs par an et par personne (physique ou morale) seront rendus publics,
- Les organisations dépensant plus de 100’000 CHF pour leur campagne électorale ou de votation seront soumis aux mêmes règles,
- Ces éléments seront publiés dans un état provisoire avant les scrutins.
Il ne s’agit pas d’interdire les participations financières ou de savoir si votre voisine a versé 100 francs dans une campagne, mais d’assurer de la transparence concernant des éléments clés pour comprendre les enjeux qui se cachent derrière chaque scrutin populaire.
A vous de jouer : télécharger des feuilles de signatures sur http://transparenz-ja.ch/fr !
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