8 mars, journée de nos droits, en tant que femmes. L’occasion d’une page d’histoire, tournée vers le futur.
Dans la salle du Conseil des Etats du Palais fédéral trônent les dates marquantes de notre pays : de 1291 pour le premier pacte fédéral à 1999 pour l’adoption de la nouvelle Constitution. Mais pas de trace de l’année 1971, la véritable naissance de la démocratie. C’est effectivement à cette date que les femmes ont enfin pu voter, elles qui étaient jusqu’alors exclues de la citoyenneté. Pourtant, cette date ne figure pas au-dessus des têtes des sénatrices et sénateurs. Garantir une visibilité à ce moment clé de l’histoire serait néanmoins nécessaire, dans le conservatisme ambiant. La société évolue à l’extérieur du parlement, mais cela ne traverse pas ses murs et les décisions permettant d’atteindre enfin l’égalité ne sont pas prises. D’ailleurs, seuls 15% de femmes politiques siègent dans cette salle, ce qui n’a rien d’une coïncidence.
Après 60 ans de lutte, la Suisse est ainsi le dernier pays d’Europe à avoir introduit une assurance maternité, en 2005, et nous sommes aujourd’hui le seul pays d’Europe à ne toujours pas connaître de congé paternité ! Résultat : les inégalités se creusent avec l’arrivée d’un enfant et les tâches domestiques sont assurées majoritairement par les femmes, qui ont tendance à baisser leur temps de travail. 60% des femmes occupent un travail à temps partiel, contre 17% des hommes. Les femmes font en outre l’objet de discrimination avant et après leur congé maternité, notamment en raison de licenciements abusifs, mais aussi de pressions sur leur lieu de travail, où encore trop d’employeurs estiment qu’elles ne seront plus aussi efficaces et disponibles. Selon Travail.Suisse, entre une femme sur cinq et une femme sur dix quitte son emploi en raison d’un licenciement ou d’un départ provoqué. Cette situation est affolante et elle contribue au résultat suivant : 92% des postes de direction sont occupés par des hommes et ceux-ci sont surreprésentés dans les postes à haut salaire. Bref, on a encore du chemin ! Pour avancer, il nous faut changer les conditions-cadres pour introduire un véritable congé paternité, mieux protéger les femmes contre les discriminations autour de la maternité, mettre fin aux inégalités salariales, revaloriser les emplois majoritairement féminins, promouvoir le temps partiel des hommes, notamment. Et pour prendre ces décisions, il n’y a pas de mystère, il faut un parlement qui représente mieux la population: plus de femmes et plus de jeunes, alors que la moyenne âge actuel se situe autour de 55 ans, loin de la réalité des jeunes parents.
Mais les changements viennent avant tout de l’extérieur du parlement : pas de doute que la mobilisation de cette année, autour de la grève féministe du 14 juin, permettra de faire avancer les droits des femmes et l’égalité dans la réalité. Et de secouer un peu les pierres de notre parlement fédéral.
Comments are closed.